Témoignage de Zélie, Partie 2

Mr M est ce qu'on peut appeler un jeune senior. A 70 ans, il aime la montagne, c'est un randonneur.

A mon arrivée il écoute mon petit "laïus" de présentation puis enchaîne : "D'accord, mais, qu'est-ce que vous attendez de moi ?". Je lui explique que c'est lui qui décide, que je suis là pour lui et s'il le souhaite et qu'il peut me raconter ce qu'il veut, je suis un peu comme la cerise du gâteau en somme…  du léger, du plus lourd : à lui de décider. Très discipliné, visiblement, il choisit d'opter pour la gravité… et me raconte sa maladie, ses pertes, le deuil de son corps fort et bien vivant, remplacé par une silhouette décharnée qu'il ne reconnait plus. Il me parle aussi d'une dernière sortie pédestre en montagne qu'il aimerait réaliser… Très honnêtement je ne sais pas quoi lui répondre, je me projette dans sa situation que je trouve terrible. Je me sens ébranlée par ce qu'il traverse, intérieurement je cherche des mots qui ne viennent pas. Alors je choisis de faire ce que j'ai appris pendant la formation, je me tais, j'écoute. De son côté il continue son récit. Au bout d'un moment, il en a terminé : "ah ben vous aviez raison, ça fait du bien de parler, merci ! J'ai bien fait ce que vous souhaitez ? " A l'article de la mort, il fait preuve d'attention et de générosité envers moi ; je suis touchée, à la fois par son attention et aussi car j'ai l'impression de l'avoir aidé.

Je l’avais vu en formation mais non il n'y a pas besoin de parler pour vivre la relation d'accompagnant. Celle-ci se suffit à elle-même et est indépendante de ma vocation. Oui, je suis capable d'écouter sans analyser ni rentrer dans l'interprétation !

Zélie, Bénévole d'accompagnement à JALMALV Savoie